Brassage (pv Ginny, Ambre et Lily)

(suite directe de: https://hp-mania.actifforum.com/exterieur-du-chateau-c6/la-foret-interdite-f43/Solitude-Libre-t4282.htm )


L'Entre-Deux Monde, La Base Orange, Désespoir, L'Édifice de Ville / ??? / 13 Février 2007 / 3e année de Sammy / (Richard Bachman)

" Richie? "

" Quoi? "

" Est-ce ce que je pense que c'est? "

Elle pointait en direction des deux cadavres animaux se trouvant dans le couloir possédant les six cellules.

" Qu'est ce que tu pense que c'est? "

" Des animaux. " elle répondit. " Des animaux étranges. "

" Ouais, je dirais que, si c'est ce que tu pensais que c'était, c'est que que tu pensais que c'était. Sinon, c'est ça que c'était. Enfin, c'est ça que c'est, pas ça que c'était, ni ce que tu pensais que c'était avant, mais seulement maintenant. Tu me suis? "

" Bien sûr. Où veux-tu que j'aille? "

Ils avaient décidés d'entrer par la porte directement en face d'eux, pour voir s'il y avait quelqu'un. Ils l'avaient cependant fait avec une prudence calculée, comme des voleurs. Puis, une fois à l'intérieur, ils avaient vu qu'ils se trouvaient dans un couloir possédant six cellules, dont trois étaient, ils le voyaient bien, ouvertes. Puis, l'odeur pestinentielle leur était venue, et ils avaient remarqués le gigantesque cobra et le coyote dessiné, tout les deux morts.

À présent, Alice ne regardait plus son nouvel ami super intéressant; elle regardait son chandail à motif psychédélique, tout en se massant les mains.

" Je suis pas peureuse, " elle avait dit, toujours sans lever les yeux. " Un petit peu folle, mais pas peureuse quand même. Tu crois ça? "

" Bien sûr. "

Malgré la grande peur qu'il ressentait, pour lui comme pour la fille comme pour Johnny, il souriait.

" Et pratique. Tu crois ça? "

" Bien sûr. "

" Par conséquent, j'ai beau avoir peur a en mourir, je ne vais pas crier. "

" Peur de quoi? " Il la regadait étrangement.

" Des serpents. Je te l'ai déjà dit avant, pas vrai? Je crève de peur en face d'un serpent. Mais lui est mort et... " Elle jeta un coup d'oeil furtif au cadavre. " Je vais pas hurler, je vais pas--- "

" Tu peux te dépêcher un peu? Mon patron--- "

" Ouais. Ton patron, ton patron, ton patron. C'est tout ce que tu as à la bouche. "

Ils continuaient leur chemin vers le fond du couloir, le son du robinet que Sammy avait ouvert il y a de cela un moment leur parvenant de plus en plus fort. Ils ignoraient que la chose qui avait jadis été Éliane se trouvait dans l'Édifice de Ville, au sous-sol, tandis que Ginny, Collie, Johnny et Sammy se trouvaient au manoir, en train de parler avec Sue. Mais c'était sans importance; ils continuaient d'avancer, passèrent la cellule contenant le cadavre de Gary sans la voir, et finirent au fond, où se trouvait...

" C'est à Johnny, ça? C'est pour ça que tu le regarde si bizarrement? "

Elle pointait vers un petit tas de cartes de jeu placé, Richie aurait pu le jurer, de manière à ce qu'eux, pas personne d'autre qu'eux, le voit. Puis, s'en approchant un peu, Richie vit que ce n'était pas du tout des cartes à jouer, mais des cartes de tarot. Il s'y connaissait très peu la dedans, mais il savait qu'il s'agissait de cela; des cartes de tarot. Elles étaient placées ainsi:


A: Le Fou
B: Le Pendu
C: La Dame d'Ombres
D: Le Prisonnier
E: Le Marin
F: La Vie
G: La Mort

Sur le moment, il sut qu'il lui faudrait se les rappeller, ainsi de comment elles étaient placées, mais il ne le fit que distraitement, sachant aussi que, maintenant, ils devaient rechercher Johnny, Johnny était sûrement en danger, et

(il avait l'impression que s'éffecuait un

BRASSAGE (DE CARTES)

)

il avait le goût de dormir. Affreusement, affreusement le goût de dormir. C'était à lui donner la nausée. Il vit qu'Alice semblait dans le même état que lui, et il eut peur, puis il vit qu'elle ferma les yeux; il fit de même; qu'est-ce que c'était bon; le besoin de sommeil disparut aussi vite qu'il était venu, et il ouvrit les yeux de nouveau, puis, un instant plus tard, il vit qu'Alice fit de même. Puis...

Son cellulaire sonna de nouveau. C'était étrange car, depuis qu'il avait remarqué les cactus dessinés, son cellulaire ne fonctionnait plus du tout. Comme s'il se trouvait ailleurs que dans le désert du Nevada, où le signal fonctionnait d'habitude parfaitement bien. Mais maintenant, il sonnait, et Richie remarqua tout de suite qu'il y avait eu des changements. Les cartes de tarot avaient disparues; une fenêtre qui ne s'y trouvait pas un instant plus tôt était fixée dans le mur, au bout du couloir dans lequel ils se trouvaient, et la chaude lumière du soleil de fin de matinée leur parvenait; l'odeur dégoutante de mort n'était plus là, ni les cadavres des deux animaux; les trois portes précédement ouvertes étaient fermées, ainsi que les trois autre. Puis son cellulaire refit son beep-beep-beep une nouvelle fois et, fesant signe à Alice de ne pas faire de bruit (elle regardait dans tout les sens, comme si elle aussi avait remarqué qu'il y avait eu des changements, mais finit par voir le chuuut qu'il lui fesait, et hocha de la tête pour lui montrer qu'elle serait docile), il y répondit.

" Bonjour. " dit-il du ton le plus confiant qu'il put. "Je peux t'aider? "

" Ici le sergeant de la police d'Ely. Un homme qui prétend se nommer John Carver Smith se trouve ici et prétend aussi avoir votre camionnette. Vous êtes bien Richard Bachman, n'est-ce-pas? "

*Stupide! Tu n'as même pas regardé qui t'appelais avant de répondre. J'espère que ça t'apprendra.* lui dit une voix dans sa tête; voix qu'il ignora.

" Oui, c'est bien moi. " Sa voix tremblait un peu; il parvint finalement à la contrôler. " Savez-vous (le vous lui était venu tout seul) quel heure est-il? "

" Onze heure trente-cinq. Mais cela est sans importance; est-ce que votre camionette a été volée récement? "

" Non, bien sûr que n... "

Alors, plusieurs choses se passèrent en peu de temps: il regarda sa montre (chose qu'il avait oublié de faire, en allant même jusqu'à demander l'heure à ce policier) et vit que, selon elle, nous étions à la fois marci et dimanche, que nous étions en 20 999, le 33 octobre, et qu'il était présentement 44h78 et 1999 secondes (et les secondes n'avancaient pas) de la matinée de Noël; il regarda dehors, par la fenêtre nouvellement apparue, et vit que sa camionnette, que l'on était sensé voir d'ici, ne se trouvait plus dans le stationnement; il regarda son cellulaire et vit que le numéro était bien celui du poste de police d'Ely (pas le numéro d'urgence); finalement, il se souvint que c'était un policier f(ou) qui avait capturé Johnny, et que celui à l'appareil était sans doute celui qui...

mais non! Il chassa l'idée. Pour plusieurs raisons. De un, il était impossible que Johnny soit rendu à Ely. Il s'agissait d'un village se trouvant à l'est, tout au fond à l'est du Nevada; la distance entre Désespoir et Ely était de plus de 1 000 km, car Désespoir se trouvait presque totalement à l'ouest du Nevada, et pour parcourir cette distance, il faudrait une journée complète en voiture (ou en Harley-Davindson), et Johnny se trouvait près de Désespoir lors de l'appel, il le savait à cause qu'ils étaient tout les deux (lui et Johnny) partit ce matin au même moment, vers l'ouest, et donc Johnny ne pouvait se trouver à Ely, car il lui aurait fallu parcourir plus de 1500 km (car il ne pouvait passer par l'autoroute 50, sinon Richie l'aurait vu) en moins de 4 heures (ils étaient partis ce matin à 7h, et il était maintenant 11h), ce qui était impossible. De deux, la caravane bleue de Richie ne pouvait se trouver là non plus, car là, il aurait fallu que quelqu'un vole la camionnette ici, à Désespoir, et fasse une distance de plus de 1000 kilomètres en moins d'une demi-heure, ce qui était encore plus impossible.

" Je veux parler à Johnny. " finit-il par dire, pour en avoir le coeur net. Et ---par tout les Dieux!--- ce fut la voix de Johnny qui lui répondit.

" Je suis ici. Tu peux attendre où tu es, le temps que l'on vienne te chercher. Sinon, tu ne pourra pas te déplacer, car j'ai ta camionnette. "

" Mais comment...!? "

Il éloigna le cellulaire de son visage et ragarda le numéro; toujours celui du poste de police d'Ely.

" Ouais, d'accord, je vais attendre. Bye. "

" Merci Richie. "

Puis Richie avait raccroché.

Il avait rapidement expliqué tout ce qu'il savait à Alice, et elle quitta par la suite la ville à pied, pour ne pas qu'on se rende compte que Richie avait brisé l'un des Cinq Commandements. Quant-à lui, il attendit dehors, et une voiture de police de la ville d'Ely (il avait par ailleurs remarqué que la ville ---que les journaux décriraient sous peu comme l'une des innombrables villes fantomes de l'Ouest--- était totalement vide) arriva, et le conduisit à Ely.

À la fois Johnny et la caravane de Richie s'y trouvait.

Mais la moto de Johnny, non.

On ne la retrouva jamais.


____________________________________________________________________________________________________


La Rue Main, La Base Orange, Désespoir_La Rue Jonquille / Mercredi 18 Juillet 2007 [temps normal] / 4:45 p.m. [temps normal] / 3e année de Sammy / (Sammy)

Le vent frappait fort sur son visage, mais c'est à peine si elle s'en rendait compte. Elle était, on pourrait dire, endormie; c'est comme si ce qui se passait n'était qu'un rêve affreux dont elle allait bientôt se réveiller en baillant longuement, tel un personnage de Walt Disney (comme Cendrillon), avec de petits oiseaux lui souhaitant un bon matin en chantant, et avec de petites sourirs lui souhaitant un bon matin avec des mots. Sauf que ce n'était pas le cas; elle se trouvait dans la réalité, dure, cruelle, impitoyable, et elle le savait. Les deux seules choses à laquelle elle pouvait penser, dans son état, étaient le fait que Sue leur mentait sûrement, et les menait sûrement droit vers Tak, et que Ginny se trouvait sûrement derrière, oui, sûrement, et c'était pas ça le plus important, dans le fond, que Ginny se trouvait derrière? Oui. Sûrement, oui. Sûrement, oui. Et elle, elle marchait sous la pluie torrentielle, tentant de suivre un ancien écrivain à succès, au travers le vent, la boue et, évidement, la pluie. C'était quoi son problème? Ginny se trouvait peut-être derrière? Et Sammy n'en était pas certaine? C'était quoi son problème?!

Car elle ne le savait pas, oh non, elle ne le savait pas, oh non, elle ne le savait pas, oh non, elle...

Sammy s'arrêta alors, s'étant rendue compte qu'elle avait fait demi tour (ce qui était passablement stupide, compte tenu de la très faible visibilité) et se dirigeait de nouveau vers ce qui avait autrefois été la maison de son oncle, car Ginny et Ambre se trouvaient sûrement là-bas, oui, près de la maison car---

... Son oncle?! Son oncle?! Johnny, son oncle?!

Mais l'idée qui lui aurait semblé absurde une minute plus tôt fut rapidement analysée par son cerveau, et elle se rendait à présent parfaitement compte que c'était tout à fait possible! Oui. Sa mère se nommait Aliersa C. Smith, et Johnny se nommait John Carver Smith. Pas seulement ça; quand elle le regardait, elle avait l'impression de regarder quelqu'un qui lui était vaguement familier. Étant son oncle, il lui avait peut-être fait une visite ou deux durant les cinq premières années de sa vie, et de plus, il pouvait simplement s'agir de la ressemblance avec sa soeur, bien qu'elle soit mince, cette ressemblancee. Ils vivaient aussi tout les deux aux États-Unis (sa mère n'y vivait bien sûr plus, étant morte, mais cela était sans importance), ce qui rajoutait une preuve supplémentaire.

Et l'idée lui échauffait l'esprit, beaucoup, beaucoup, tellement qu'elle s'était mise à courir, courir, crourir, de plus en plus vite, regardez comment elle va vite, et malgré la pluie, malgré le vent, elle courrait, courrait, courrait, et son objectif, c'était la maison de Johnny, près de laquelle se trouvait peut-être Ginny et Ambre, et lorsqu'elle les apperçut, elle leur lanca des cris remplis d'une étrange joie;

" Ginny, Ambre, je viens de découvrir quelque chose de super! "

(hj/ Perso, je trouve ça un peu étrange, pas la réaction de Sammy, pas tellement, pas dans un tel état de choc, mais le post en tant que tel. À vous de juger, car ce post est terminé. /hj)

Une fois sortie de la maison, Ginny fut frappée par le vent et la pluie d'une force incroyable. Son premier réflexe fut d'essayer de repérer les autres, sans grand succès. Elle jeta un coup d'oeil à la silhouette proche d'elle, qu'elle espérait être Ambre, sans aucune raison particulière. Peut-être simplement s'assurer qu'elle était toujours là, bien qu'elle n'ait aucun moyen de le savoir. Ne se décidant pas à bouger, mais sachant que plus elle attendrait, plus les autres s'éloigneraient, elle entendit la voix de Sammy qui semblait assez joyeuse
*Joyeuse?*songea-t-elle ironiquement.*Comment pourrait-elle être joyeuse dans une situation pareille? Tu divagues! Au moins, maintenant, tu sais que Ambre est là puisqu'elle lui parle en ce moment*
"Ah oui? Ça te dirait de nous le dire tout en ratrappant les autres? Et où ils sont d'ailleur?"Elle avait dit tout cela d'un ton un peu énervé, puis se reprits et demanda d'un ton plus calme:"Sammy...qu'est-ce qui se passe?"

Un court mais désisif instant de silence suivit les paroles d'Ambre Lambert. Ce fut le moment où Sammy prit conscience, pour la première fois depuis des mois, qu'elle était endormie, qu'elle laissait les choses se passer sans vraiment agir (à cela il y avait l'exception, bien sûr, l'exception, et cette exception se trouvait être la première fois où elle et Ginny se rendirent à La Base Orange), et pas seulement maintenant, dans ce contexe quasi apocalyptique, mais aussi avant, depuis Noël en fait, lorsque Deatheart et Ginny avaient commencés à sortir ensemble, et qu'elle et Ambre avaient, au même moment, et pas vraiment avec accord car elles ne se parlaient plus, décidées de ne plus addresser la parole entre eux trois, ainsi qu'avec Alex.

Mais maintenant, elles étaient ensembles, toutes les trois ensembles, et, tandis que la pluie, qui semblait avoir encore augmentée subitement en puissance, rendant les formes presque impossible à voir à plus de cinq metres et les sons quasiment muets, rendait ses cheveux si mouillés qu'ils lui collaient au visage par endroits, et ses vêtements si trempés qu'ils collaient sur son corps tel une seconde peau, Sammy se rendait compte qu'elles allaient bien devoir s'entendre bientôt, au moins en partie, davantage que maintenant, car sinon...

Tout lui parraissait clair, maintenant. Elle se sentait comme si elle venait de se réveiller d'un rêve, sauf qu'elle savait où elle se trouvait (ou du moins en partie) et ce qu'elle devait faire, dans ce cas précis. Ils leurs fallaient retrouver Johnny et les autres, et rapidement, sinon elles étaient fichues, sinon tout leurs espoirs seraient vains. Ce fut donc avec des yeux où se partageaient le désespoir et l'espoir qu'elle leur répondit; " Johnny est mon oncle. "

Du même ton que si elle disait le temps qu'il fesait (en temps normal). Pas mal. Pas mal du tout. " Nous sommes mieux d'y aller tout de suite. " rajouta-t-elle, fesant même un pas en avant, même si ce n'était pas vraiment une bonne idée, pas au travers cette tempête plus féroce encore que tout à l'heure. Elle voyait bien la distance (physique, bien sûr, mais aussi, si cela était possible, psychique) qui séparait Ginny et Ambre, et leurs attitudes de dégoût et de haine,

(*On va tous mourir si vous ne travaillez pas ensemble, les filles.* pensa-t-elle sans le dire.)

ainsi que la férocité de la pluie, mais elles devait y aller, pas le choix, car sinon elles étaient fichues. Elle le savait. Ou du moins croyait le savoir, car ce n'était pas sûr, si?

(Hj: Normalement, c'était à moi de répondre après Sammy, puis à Ambre, mais peu importe. Je suppose que ça dérangera pas si l'ordre est inversé ce coup-ci^^)

"Attends...Johnny ton onlce?!"Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle l'avait presque hurlé, trop abasourdie."Ce n'est pas possible, voyons...Oh, mais si c'est possible." Elle revint à la situation présente lorsque Ambre protesta contre le fait de suivre Sue et les autres. Bon, d'un côté, elle était d'accord avec elle, surtout en ce qui concernait Sue. Mais d'un autre côté, elles ne pouvaient pas rester planté là indéfiniment."Ambre...réfléchits un instant. On ne sait pas où on est. On ne sait pas comment retourner à Poudlard. Alors que veux-tu qu'on fasse? Rester ici jusqu'à ce qu'on se fasse tuées?"

" Je fais confiance à Sue. " dit Sammy, même si ce n'était pas tout-à-fait vrai. " Et je vais les suivre, Sue et les autres, peu importe ce que vous en pensez. "

Elle avait observé la conversation entre Ginny et Ambre de manière détachée, mais maintenant, elle ne ressentait qu'un étrange vide. Elle comprenait qu'Ambre et Ginny ne fesaient pas confiance à Sue, le comprenait parfaitement (il avait tout de même joué à la roulette russe avec Ambre pour le plaisir), mais elle ne pouvait attendre ici à ne rien faire quand même. Si les filles la suivaient, ce serait bien, super, magnifique, mais si elle ne la suivaient pas, elle y irait quand même, car c'était ce qu'elle croyait qu'il fallait qu'elle fasse.

" J'y vais. " dit-elle en se retournant...

"Tu fais confiance à Sue? As-tu oublié qu'il a menacé de nous tuer, moi et Johnny, dans le manoir de la base orange si tu refusais de faire avec lui le serment inviolable qui consistait à retrouver l'autre Samantha et la tuer? Ah et qu'il a joué à la roulette russe avec Ambre lors de notre première rencontre, qu'il a essayé de te tuer à plusieurs reprises, qu'il..."Elle interrompit son énumération de raisons pour ne pas suivre Sue, frappée par ce que Sammy dit ensuite, c'est à dire qu'elle allait suivre Sue et les autres peu importe ce qu'elle et Ambre en pensaient. Immobile, elle entendit vaguement Sammy dire qu'elle y allait et la vit se retourner..." "Je vais avec toi!"lui dit-elle d'un ton définitif, se refusant à la laisser tomber. Elle était son amie après tout.

... mais elle n'avait pas fait un pas qu'elle s'arrêta. Écouta. Soupira. Se retourna.

" Je sais que Sue a fait tout ça, Ginny, je le sais, mais ce n'était pas sa faute. Il était... "

Et elle s'arrêta, ignorant même pourquoi elle avait dit ça. L'ignorant... bien qu'elle le savait, bien sûr. Autant qu'elle savait qu'elles avaient de gros ennuis, elle le savait. Comment, elle ne le savait pas, mais elle le savait, pour le meilleur et pour le pire. C'était parce qu'il était...

" Prisonnier, voilà. Il était prisonnier. De quoi, je ne sais pas, mais il était prisonnier, et je crois qu'à cause de ça, il n'agissait pas de son plein gré. "

Elle s'arrêta de nouveau, sentant distraitement, malgré tout, que la pluie devenait plus faible, de plus en plus faible, tandis qu'elle fixait avec des yeux vifs (depuis qu'elle s'était rendue compte que Johnny était son oncle, ses yeux pétillaient gaiement, malgré la présente situation, malgré son propre entêtement, et même malgré le fait que le monde avait changé... et ce pas pour le mieux) une belle Ginny (qui, même sous la pluie et avec les vêtements quasiment en lambeaux, était belle, l'était réelement) et une Ambre confuse ---confuse avec raison.

" La Base Orange, nous y sommes présentement, du moins je le crois. " tenta-t-elle d'expliquer à Ambre. " C'est une sorte de lieu magique qui ne peut être accèdé que par Les Cobras... ou ceux que Les Cobras autorisent. Il y a aussi une Base Bleue... et c'est d'ailleurs là où nous sommes allés lorsque nous avons rencontré Sue pour la première fois, là où il y avait le manoir et la forêt et les champs et le terrain de golf et l'héliport, tout comme il y avait un manoir et tout le reste dans la Base orange. C'était il y a de cela un peu moins de deux ans... ou, plutôt, il y a un peu plus de deux ans, maintenant que nous sommes dans le futur. Et pour ce qui est de l'autre Samantha... je dirais que c'est là le centre de tout nos problèmes, oui-da. Parce que... "

*Oui-da? C'est quoi, ce dialecte bizarre?*

Mais c'était sans importance, ou du moins le croyait-elle.

" Parce que, " se reprit-elle. " Le serment inviolable que Sue voulait me faire faire, celui selon lequel je devais tuer l'autre Samantha, je ne l'ai fait qu'en partie, comme le sait déjà Ginny. J'ai prêté serment quant-à retrouvé l'autre Samantha, oui-da (voilà qu'elle le redisait), mais pour ce qui est de la tuer... c'est quelqu'un d'autre qui l'a fait. Je ne sais pas qui, au juste, mais je sais que cette personne prenait mon apparance, et aussi qu'elle utilisait un procédé magique, le polynectar, qui, en présence d'un Tak, ne fonctionne tout simplement pas, car il est magique. Sauf à une condition. Cette condition, c'est que la personne doit avoir le contrôle de Tak pour pouvoir en faire... ou s'être fait autorisé le droit de faire de la magie par celle qui contrôle vraiment Tak. Et Sue ignorait totalement de qui il s'agissait, pensait même que c'était moi, et je le sais, parce que pendant ce cours instant, je pouvais faire ma télépathie, Tak m'ayant laissé en faire, sous les ordres de Sue. Et voilà qui est étrange, parce que si Sue avait le contrôle de Tak, ce qui était le cas, comment la personne ayant pris mon apparance a-t-elle put l'avoir elle aussi sans que Sue ne sache qui elle était? Comment aurait-elle put avoir son autorisation si Sue ne savait même pas qu'il ne s'agissait pas de moi? La réponse, j'en ai bien peur, est que Sue n'avait le contrôle de Tak seulement parce que la personne ayant pris mon apparence ---ou celle lui ayant donné l'autorisation de faire de la magie, et il ne s'agissait bien sûr pas de Sue--- l'avait ordonné à Tak. En d'autre termes, Tak est sous le contrôle de cette personne, et Sue ne peut plus faire de magie, à présent, car il est l'ennemi de cette personne. Et c'est elle, ou celle lui ayant donné son autorisation, une fois le cas de Tak sera neutralisé, qu'il faudra neutraliser, si on souhaite avoir le moindre espoir de revoir le monde d'avant, avant qu'il ne soit victime d'une quasi apocalypse, avant qu'il ne change. "

Elle reprit son souffle un instant, regardant à présent en direction de la maison d'à côté ---visible maintenant, la pluie s'étant affaiblie. Cependant, il n'y avait plus trace de Johnny et des autres. Ils étaient probablement déjà tous à l'intérieur.

" Et si on y allait? " demanda-t-elle finalement, et bien qu'elle semblait les regarder toute les deux, ayant de nouveau reposé son regard sur les filles, c'était surtout à Ambre qu'elle s'adressait. " À moins que vous n'ayez une meilleure idée? "

“Oh...minute. L’autre Samantha est morte? Mais...comment...Oh et puis peu importe. Tu as raison Sammy. Il faut y aller, si on ne veut pas subir le même sort qu’elle, ce qui risque fort d’arriver si on ne se mets pas à l’abri très vite. “ Elle regarda autour d’elle, appréciant que la pluie diminues de plus en plus d’intensité. Dans une situation de ce genre, la moindre petite chose qui était bien, elle l’appréciait. Elle se tourna ensuite vers Ambre, plantant son regard dans le sien. “Je t’en prie, je t’en supplie, viens avec nous. Si tu ne peux faire confiance à Sue, ne peux-tu le suivre, même si tu ne le crois pas? On a pas vraiment d’autres solutions...” Elle se retourna vers Sammy, l'air calme. "On y va? Et puis, quand on sera de retour à Poudlard, tu pourras peut-être nous expliquer tout plus clairement?"

Ambre n'avait toujours pas compris cette histoire et, de toute façon, elle preferait ne pas comprendre. La jeune fille songea que c'était mieux ainsi, rester dans l'ignorance lui éviterait peu être des ennuits. Elle sentis alors le regard de son ancienne meilleure amie sur elle et lança alors à cette derniére un regard meurtrier. On pouvait s'estimer heureux que les yeux d'Ambre ne furent pas des fusils sinon Ginny serait sans doute morte sur le coup.
" Je vais te suivre Sammy" dit-elle enfin aprés avoir reposé son regard vers le sol. " Aprés tout... j'ai promis de te protéger tu te rappel?"

Apparament, elles n'avaient pas, ni l'une ni l'autre, de meilleure idée ---et Sammy non plus---, alors elles se mirent en route.

Chemin fesant, pensant à ce que venait de dire les Ginny (pour une fois), surtout ce qui concernait l'autre Samantha ---qui, lui semblait-il, serait d'une grande importance plus tard, sans qu'elle ne sache trop pourquoi (surtout si elle était morte)---, elle dit: " Je ne sais pas si elle est morte, mais je ne pense pas. " Elle parlait surtout à Ginny, sentant inconsciemment qu'Ambre ne tentait même pas de comprendre ce qu'elle disait. " Car cette personne a fait le serment inviolable de la tuer, sans aucun doute, mais il n'y avait aucune obligation à quand elle devait la tuer. En d'autres termes, si elle ne meurt pas d'une autre cause que de cet assassinat, la personne continuera de vivre... et... aussi... "

Ses paroles ayant cessées progressivement, elle continua ce qu'elle était pour dire dans sa tête, un sourire de fou de plus en plus prononcé apparaissant sur son visage. *Si je tue Samantha ---il faut que ce soit moi, pas le choix, je suis la seule qui peut le faire, Sue me l'a bien dit---, la personne ne pourra tout simplement plus le faire ---l'autre Samantha sera morte---, et donc, n'ayant pas put la tuer ---et ne le pouvant jamais---, elle moura.*

Et, bien sûr, ce n'était pas tout. Comme l'autre Samantha ne pouvait mourir si Sammy vivait encore, à moins qu'elle ne la tue elle même, elle était toujours vivante, car Sammy l'était toujours, et la seule solution qu'avait la personne ayant fait le serment inviolable de le tenir, c'était de la tuer elle, Sammy, avant.

" L'autre Samantha n'est pas morte. " dit-elle, avant de dire ce à quoi elle venait de penser.

Elle se remit alors à marcher.

Tout en marchant, Ginny écoutait attentivement les explications de Sammy et se mordait la lèvre d’anxiété. Lorsqu’elle déclara que l’autre Samantja n’était pas morte, elle haussa les épaules. Quelle importance cela avait-il de toute manière? L’important étaient qu’elle et Ambre partent d’ici en vie. Sammy aussi, mais...elle avait certainnement une place dans ce puzzle et...si jamais elle devait mourir...Elle se secoua intérieurement. Mais qu’est-ce qui lui prenait d’avoir des pensées pareilles? Elle s’en sentit honteuse. Pendant un instant, elle s’était dit que, tant qu’elle et Ambre restaient en vie, si Sammy devait mourir pour ça, ça n’avait pas d’importance. Si elle aurait pu se donner une claque, elle l’aurait fait sans hésitation aucune. Non. Elles allaient repartir à Poudlard toutes les 3 et tout irait bien. Elle devait s’accrocher à cette pensée. Prenant son courage à deux mains, elle se mit à parler sans regarder personne, mais tout ce qu’elle disait concernait Ambre.

“ Pourquoi s’obstiner à ignorer quelqu’un alors qu’il faut travailler ensemble pour s’en sortir? Même si on a l’impression d’avoir été trahie par cette personne, cela vaut-il de l’ignorer et peut-être de mourir car la coopération peut parfois être obligatoire? Est-il possible de ne plus ignorer cette personne jusqu’à ce qu’on soit sorties d’ici?”

Le fait que Sammantha ignore sa derniére réplique sembla comme un ennorme poid en plus pour la Serdaigle. Sammy, sans doute sa derniére amie ignorait ces paroles qui pourtant étaient importantes pour Ambre. Cette promesse, elle ne l'avait pas faite à la légére à l'époque. les yeux violasés de la jeune fille s'emblérent s'embuer mais elle se retin de pleurer. elle ne voulait pas avoir l'aire faible devant les deux autres.
*Suis-je donc seule? seule au monde? Je ne sent pas Goldy au fond de moi... Cette souffrance... est-ce la solitude qui me fait si mal?*Pensa-t-elle
Puis la Gryffondor se mis à poser des questions. Ambre avait compris que Ginny lui avait parlé à elle. Elle sentait son sang bouillir. A la fois la rage de la trahison, la souffrance de sa solitude et toute la peur qu'elle avait gardé en elle de tous les événements de sa vie sortirent dans un seul geste. Elle s'approcha rapidement de Ginny, aussi rapidemend que ne le permettait sa jambe de métal, et lui donna un coup de poing sur la joue. ses yeux, toujours pleins de haine
"Je préfére mourir ici que de coopérer avec toi Weasley! Tu m'entend? Je peut parfaitement me débrouiller sans une traitresse dans ton genre! J'ai déjà transplané quand j'était en danger et je pourrait le refaire! Et crois moi je n'emmenerait que sammy avec moi! Maintenant lache moi les basks!"

À cause de la menace d'Ambre (celle consistant à transplaner si quelque chose de mauvais se passait), Sammy se souvint avoir lut quelque part (que ce soit dans un livre ou dans les pensées de quelqu'un) que le château connut sous le nom de Poudlard était protégé par de nombreux sorts, afin qu'il ne soit pas en proie au danger. L'un d'eux, elle se rappelait, consistait à le rendre invisible aux yeux des moldus ---bien que ce ne soit pas le rendre invisible, exactement. En fait, lorsque (car c'était très très rare) l'un d'eux approchait de Poudlard, le château ne leur était visible que sous la forme de ruines, avec un écriteau à l'avant sur lequel était écrit que ce sîte était dangereux, alors veuillez vous éloigner, s'il-vous-plaît.

Si on enlevait l'écriteau du dessin, c'était exactement comme ça qu'elle imaginait que ce trouvait le château en ce moment; en ruines. Pour de bon, d'ailleurs, que ce soit un moldu ou un sorcier ou même un animal qui le verrait, même si, à cette heure-ci, il ne devait pas en rester beaucoup de vivants, sur cette planète que l'on nommait la Terre.

Elle n'était pas loin de la vérité.


____________________________________________________________________________________________________


Selon Morton Prince, célèbre médecin du début du XXe siècle s'étant surtout interessé à la neurologie et à la psychopathologie, le cas idéal de Trouble Dissiociatif de l'Identité ---en admettant qu'un tel individu existe--- serait un homme ou une femme qui non seulement ne serait pas conscient de sa ou de ses autres personalités, mais qui n'aurait même pas l'impression que quelque chose cloche dans sa vie.

Dommage que Morton n'ait jamais connu Samantha Desmers et Aurélia Holmes.


____________________________________________________________________________________________________


Bristol, Angleterre, Royaume-Uni / Mercredi 18 Juillet 2007 / 8:25 p.m. (heure locale à Bristol, en Angleterre) et 3:25 p.m. (heure locale à Portsmouth, aux États-Unis) / 3e année de Sammy (La Dame d'Ombres)

" Samantha? " Une voix d'homme.

La Dame d'Ombres, une belle et (malgré ses jambes non-existantes) grande ---quoique stoïque!--- femme noire de vingt-trois ans, jeta un coup d'oeil à la porte menant au couloir ---là d'ou venait la voix. Elle fronça les sourcils.

" Samantha, tu es là? "

Excedée, La Dame d'Ombres posa sa tasse de thé sur la table basse, fit avancer son fauteuil roulant un peu. Elle se trouvait dans son propre appartement, un très modeste (et petit) deux pièces ---l'une étant la salle de bain et l'autre à la fois son salon, sa salle à dinner, sa chambre et sa cuisine--- , et un homme (blanc, en plus, si on se fiait à sa voix) avait eu le culot de venir cogner à sa porte et de demander pour une certaine Samantha, alors que le type en question devait très bien savoir que c'était une femme noire du nom d'Aurélia Holmes qui y vivait (on donnait ces informations à la réception, il avait bien du demander, sinon comment aurait-il eu accès au couloir menant à la porte de sa chambre?), et que celle-ci ne se prénommait évidement pas Samantha.

" Si tu es là, Samantha, répond-moi. "

La Dame d'Ombres n'était peut-être pas Samantha (ou peut-être bien que si, mais si oui, elle était la dernière à s'en douter), sauf qu'elle lui répondit quand même.

" J'cônnais pas d'Samantha, alo's tu va m'fout' le camp d'ici espèce de sal'****'d'blanc! "

Ce serait Morton Prince qui aurait été content.


____________________________________________________________________________________________________


Et elle devint deux.


***


Août 1969:
Quand George ressortit au bout d'une demi-heure, il trouva le vieux Julio adossé au capot de l'ampulance toujours garée dans l'accès aux urgences de la clinique médicale La Charité sur la 23e rue. L'infirmier s'était changé; au lieu de son habituelle veste blanche, celle qu'il se doit de mettre pour travailler, il portait un pantalon brun et une chemise bleue sur laquelle était gravé son nom en lettres d'or; c'était sa tenue de bowling. George consulta sa montre (20h05) et constata sans surprise que l'équipe dont fesait parti Julio ---les Sensasss de New-York--- devait déjà être en piste.

" Je pensais que vous seriez parti, " dit George Shavers (il était interne à la clinique médicale La Charité, située à New-York, en plein sur la 23e rue). " Comment vos gars vont-ils se débrouiller pour gagner sans un champion des quilles comme vous? "

" Ils ont pris quelqu'un pour me remplacer. Il joue parfois bien et parfois mal, mais quand il joue bien, il fait des malheurs. On devrait gagner quand même. " Julio marqua une pause. " J'étais curieux de savoir comment ça allait finir ici. "

C'était lui, Julio Bascal, le chauffeur de l'ambulance, avec un sens de l'humour dont George ne pensait même pas qu'il était conscient. Cette dernière remarque en était la preuve.

George jeta un coup d'oeil autour d'eux deux. Aucun des infirmiers de leur unité mobile n'était en vue.

" Ou sont-ils? "

" Qui ça? Nos potes Frankey et Mickey? Au centre ville, en train de se trouver une gueuse, qu'est-ce que vous croyez? "

" Bien sûr. "

Il avait essayé de prendre une voix calme et posée, mais ce fut plus ou moins réussit; Julio s'en était rendu compte. Pas étonnant, non plus, pas avec ce qui leur était arrivé aujourd'hui. Après que l'infirmier puis deux chirurgiens lui avaient arraché la jeune femme noire en moins de temps qu'il ne faut pour dire je vous salue Marie pleine de grâce (prière qu'il avait d'ailleurs eu sur le bout de la langue, la fille ne lui ayant pas vraiment donné l'impression d'en avoir pour très longtemps), parler était rendu difficile. Ce l'était moins, après la journée, mais pas beaucoup.

Julio le regardait assez bizarement, à présent.

" C'est qu'elle avait perdu un paquet de sang. "

" Ça, je veux bien le croire. "

George était l'un des huit internes de la clinique (qui en comptait dix-huit) à avoir été affecté au nouveau système d'unité mobile. Pour instaurer ce système, on partait du postulat qu'un interne fesant équipe avec une paire de chirurgiens et un infirmier (ainsi qu'un chauffeur-infirmier) pouvait faire la différence entre la vie et la mort, qu'il pouvait donner de meilleurs résultats.

De temps à autre, en tout cas.

Que ce nouveau système donne de bons résultats ou pas, c'était une excellente façon pour la clinique de se donner une belle image, et ce même si les internes concernés râlaient de voir leur semaine avec huit heures supplémentaires (et non payées). Mais ces mêmes internes acceptaient tout de même leurs sorts, peut-être parce que ça les rendait fier, que ça les fesait se sentir comme des durs à cuire, capables d'encaisser tout ce que le destin leur donnait, que ce soit bon ou mauvais.

Puis était venu le soir ou cet avion de ligne s'était écrasé; le Tri-Star TWA. Soixante-cinq passagers à bord, dont soixante deux que Julio classait dans la rubrique MSP ---Morts Sur Place--- et deux des trois seuls survivants à peu près dans l'état de ce qu'on récolte des arbres après un feu de forêt... sauf que, d'habitude, la cendre ne gémit pas et ne hurle pas, et elle ne crit pas non plus pour qu'on lui donne de la morphine et qu'on l'achève, s'pas? *Si tu peux encaisser ça, tu peux encaisser n'importe quoi.* s'était-il dit juste après, se remémorant les membres sectionnés gisant au milieu des débris, ainsi que l'oeil échappé de son orbite posé sur une valise carbonisée, si tu peux encaisser ça, tu peux encaisser n'importe quoi. Et il l'avait encaissé à merveille. Avait continué à encaisser tout au long du chemin en rentrant chez lui, et jusqu'au bout de son souper tardif. Ensuite, il s'était endormi sans problème, preuve sans l'ombre d'un doute qu'il l'encaissait à merveille. Puis, il s'était réveillé dans les ténèbres mortelles du petit matin, car il avait fait un horrible cauchemard. Dans son rêve, l'oeil sortit de son orbite le fixait, l'air de dire: Tu ne m'as pas sauvé, George; on s'est sacrifiés pour toi; on s'est privés pour toi; on s'est saignés aux quatres veines, ton père a réparé ce merdier dans lequel tu t'étais foutu avec cette fille, et tu n'as même pas été fichu de me sauver, que le diable t'emporte. C'est alors qu'il s'était réveillé, hurlant, et il avait une forte envie de vomir, chose qu'il fit assez rapidement. Heureusement, ce fut dans les toilettes, trois secondes plus tard, car il avait fait un sprint jusqu'à la salle de bain. Ce fut à ce moment là, agenouillé devant la cuvette, que ce mot lui vint, flamboyant en travers de l'esprit en grosses lettres rouges:

TROP

Exact.
C'était:

TROP

Il allait renoncer à la carrière de médecin (interne maintenant, médecin plus tard). Il allait renoncer parce que

TROP C'ÉTAIT TROP

Il allait renoncer parce que Popeye, le célèbre marin de dessin animé, avait pour devise c'est tout ce que je peux supporter et je n'en supporterai pas plus, et que Popeye avait vachement raison.

Il avait tiré la chasse et était allé se recouché, s'était presque instantanément rendormi et ne s'était réveillé que pour constater qu'il voulait toujours être médecin, et que c'était une sacré bonne chose de le savoir pour de bon.

Il voulait toujours être médecin.

Il connaissait une bonne couturière. Il la paya dix dollars pour qu'elle lui brode un morceau de tissu sur lequel serait écrit: SI TU PEUX ENCAISSER ÇA, TU PEUX ENCAISSER N'IMPORTE QUOI.

Oui.

Exact.

Le sale boulot dans le métro survint quatre semaines plus tard.


***

***


" Cette fille, elle était drolement bizare, hein? " fit Julio.

George poussa un soupir intérieur de soulagement. Si Julio n'aurait pas abordé le sujet lui-même, George se serait démené pour le faire à sa place. Il était interne et, un de ces jours, allait être médecin en titre ---il en avait la certitude, à présent--- mais Julio était un ancien (moins gradé, peut-être, mais tout de même un ancien), et on ne disait pas n'importe quoi devant un ancien. Car si George aurait abordé le sujet lui-même, l'ancien en question se serait mit à rire et aurait laché: C'est la millième fois que je vois ça, gamin. Va me chercher une serviette pour éponger les flaques de sang. Y en a encore partout.

Mais il semblait que Julio n'avait pas vu ça mille fois, ce qui n'était pas plus mal car George avait vraiment envie d'en parler.

" Ouais, sûr qu'elle était bizarre. On aurait dit deux personnes distinctes. "

George avait la surprise de voir que c'était au tour du chauffeur-infirmier d'être soulagé, cette fois. Comme si George venait de dire ce que Julio lui même pensait (ce qui était fort probablement le cas).

" Bravo, Doc, vous avez tapé dans le mille. "

Pendant un moment, ils se regardèrent en silence. Il était possible que les deux chirurgiens de leur unité mobile soient allés au centre-ville pour draguer, comme l'avait dit Julio... mais il se pouvait aussi qu'ils aient simplement estimés à leur tour que trop c'était trop. George avait eu la trouille, d'accord, à n'en pas douter. Mais il savait aussi que c'était lui qui avait sauvé la fille, pas les deux chirurgiens ou l'autre infirmier ou Julio, et il savait aussi que Julio en avait conscience, ce qui était peut-être la vraie raison pourquoi il avait attendu. La vieille dame avait certes donné un coup de main, ainsi que ce jeune homme qui avait tout de suite téléphoné les flics alors que tout le monde (hormis la vieille) restait planté là à regarder comme si c'était un putain de film, ou un feuilleton télé, pourquoi pas, ou quelque chose d'autre du genre, mais en fin de compte, tout avait reposé sur lui, sur un pauvre petit interne paniqué qui faisait son boulot le mieux possible.

La fille en question (qui était noire mais qui n'avait pas encore été identifiée) attendait alors ce moyen de transport urbain si populaire à New-York: le fabuleux métro de la ligne A. Juste une jolie mais grande noire en jean et chemise kaki en train d'attendre le fabuleux métro de la ligne A pour remonter Dieu seul sait ou dans les beaux quartiers.

Et quelqu'un l'avait poussée.

George Shavers ignorait si la police avait attrapé l'ordure qui avait fait ça ---il l'ignorait et s'en fichait. Son boulot, c'était cette fille qui était tombée sur les rails, juste devant le fabuleux métro de la ligne A.

Oh, les miracles de l'électricité.

Elle avait bien essayé de se sauver à quatres pattes, mais le temps manquait et le fabuleux métro de la ligne A qui, dans des gerbes d'étincelles, fesait crisser ses freins (bien qu'il était trop tard pour s'arrêter à temps), car le machiniste l'avait vue (mais il était trop tard, trop tard, trop tard pour lui et trop tard pour elle), allait trop vite et, en moins de trois secondes, il la rattrapa. Les roues d'acier de ce fabuleux métro de la ligne A lui avaient sectionnés les jambes juste au dessus des genoux. Et alors que tout le monde (sauf le jeune homme qui s'était rué sur le téléphone pour appeler la police) restait là à regarder (la plupart d'entre eux en train de lisser les plis sur leurs vestons ou sur leurs jupes), une vieille femme de soixante-trois ans avait sauté dans la fosse (ou se trouvait les rails) et avait arraché le foulard de soie qu'elle portait autour du cou ---récoltant aini la Médaille du Courage que lui remettrait plus tard le maire--- pour improviser un garrot autour d'une des cuisses pissant le sang de la fille (la droite). Le jeune homme braillait à l'autre bout du quai, réclamant une ambulance, et la vieille braillait au fond du trou, réclamant de l'aide... une cravate... quelque chose... n'importe quoi, pour l'amour du ciel... et il avait fini par y avoir un homme qui, à contrecoeur, avait enlevé sa ceinture et la lui avait donnée, et la vieille avait levé les yeux sur lui pour prononcer les mots qui firent la une du New-York Post du lendemain: " Merci, monsieu'. " Puis elle avait bouclé la ceinture autour de la cuisse gauche de la jeune femme noire, juste au dessus du morceau qui ne manquait que depuis l'arrivée du fabuleux métro de la ligne A (tout ce qui était en bas des cuisses manquait ----y compris les genoux---, pour cette jambe comme pour l'autre).

George avait entendu dire que les derniers mots de la jeune noire avant de perdre définitivement connaissance furent: " Qui c'était c't ****** d'blanc? Y peut êt' sûr que j'vais l't'ouver pou' lui fai'e la peau! "

Il se souvenait à présent de la ligne jaune, de sa mère lui répétant qu'il ne devait jamais, sous aucun prétexte, franchir cette ligne jaune quand il attendait le métro (fabuleux ou non), de l'odeur de graisse qui s'était refermée sur lui quand, après avoir franchi l'infranchissable ligne jaune, il avait sauté dans le trou. Il avait alors gueulé qu'on lui passe sa trousse, et quand l'infirmier la lui avait apportée, prêt à bondir sur les rails lui aussi, George lui avait dit de partir, et l'infirmier avait eu l'air surpris, comme s'il voyait George Shavers pour la première fois, et il était parti.

George avait ligaturé autant d'artères et de veines que possible, et quand le coeur de la fille noire avait fait un énorme ba-boum endiablé dans sa poitrine, il lui avait fait une piqûre de digitaline. Un des policiers qui venaient d'arriver avait demandé si on pouvait la remonter maintenant, et George avait répondu: " Pas encore. ", et, comme si elle était une junkie en manque, il avait enfoncé l'aiguille dans le bras de la fille et le flacon s'était vidé.

Alors, il les avait laissés la remonter.

Alors, ils l'avaient emmenée.

En chemin, elle s'était réveillée.

Alors, c'était devenu vraiment bizarre.


***


George lui fit une autre injection avant que les chirurgiens ne la remonte dans l'ambulance ---elle commencait à s'agiter et poussait des petits cris. Il lui en donna une dose suffisante pour s'assurer qu'elle se tiendrait bien tranquilement jusqu'à la clinique médicale La Charité. Il avait déjà quatre-vingt-dix pour cent de chance qu'elle soit toujours vivante quand ils y parviendraient, et c'était un point dans le camp des braves types.

N'empêche qu'elle battit des paupières alors qu'ils étaient encore à six rues de la clinique. Un gémissement monta à ses levres.

" On n'a qu'à lui refaire une piqûre, doc, " suggéra l'un des chirurgiens.

" Ça va pas la tête?! Pas question que je confonde overdose et mort à l'arrivée à moins que ce soit du pareil au même pour vous. "

Le chirurgien fit marche arrière.

George ramena son regard sur la jeune femme noire et constata que ses yeux étaient parfaitement réveillés et conscients.

" Que m'est-il arrivé? " fit-elle sur le ton de la conversation.

George revit le type qui avait dit à un autre type que la fille avait soi-disant demandé qui c'était cet ******, braillé qu'elle allait le retrouver, qu'il pouvait en être sûr, et qu'elle lui ferait la peau. Ce type était un blanc. George concluait maintenant qu'il s'était agi d'une pure invention, inspirée soit par l'étrange penchant humain de rendre encore plus dramatiques les situations l'étant déjà, soit au simple préjugé raciste. Cette jeune femme était à l'évidence intelligente et cultivée.

" Un accident. " dit-il. " Vous êtes... "

Elle ferma les yeux et il crut qu'elle allait se rendormir. Bien. Qu'un autre aille lui dire qu'elle avait perdu ses deux jambes. Un autre qui se fesait plus de 630$ par mois. Il s'était légèrement décallé vers la gauche pour prendre la tension de la fille quand elle rouvrit les yeux. Il eut aussitôt l'impression d'avoir affaire à une autre femme.

" Gueuse de me'de, on m'a coupé les guibolles, j'les sens plus. Ou que j'suis? Dans l'ambulance? "

" Euh... oui. "

Il avait soudain besoin de boire. Pas forcément de l'alcool. Juste de quoi s'humecter l'intérieur de la bouche.

" Ils l'ont coincé, l'**** d'blanc? "

" Non, " dit George, et il pensa: *Le type avait raison, merde, il avait vraiment entendu ça.*

Il était vaguement conscient que les deux chirurgiens et l'infirmier s'étaient retournés et regardaient vers l'avant, fesant semblant de ne pas voir et entendre.

" Ext'a. Autant qu'la poulaille cul blanc l'laisse cou'ir. Comme ça j'vais pouvoi' l'coincer, moi. Et j'lui coupe'ai l'zizi, à c't'******. J'vais t'di'e, moi, c'que vas lui fai'e à c'te ******'*! J'vais te l'di'e, moi, 'spèce de '**** d'blanc! J'vais te di'e un chose... ****... j'vas... "

Nouveau battement de paupières, et George pensa: *Oui, c'est ça, rendors-toi, je t'en prie, rendors-toi. Je ne suis pas payé pour des trucs comme ça. Je n'y comprend rien. On nous a bien parlé des personnes en état de choc, mais personne n'a jamais mentionné le Trouble Dissociatif de l'Identité ou la Schizophrénie dans les symptomes d'un accident de...*

Les yeux se rouvrirent une fois de plus. C'était la première femme.

" Quelle sorte d'accident? Je me revois sortir du Toi. "

" Du toit? " demanda-t-il bêtement.

Elle sourirt. C'était un sourire douloureux.

" Du Toi. C'est un restaurant. "

" Ah, oui, c'est vrai. "

L'autre, blessée ou pas, n'avait suscité en lui aucune pitié, non, l'avait seulement fait se sentir minable et mesquin, vachement nauséeux. Celle-ci le transformait en chevalier qui venait d'arracher sa dame des griffes du dragon.

" Je me rappelle être descendue dans le métro, jusqu'au quai, puis après... "

" Quelqu'un vous a poussée. "

Ça paraissait absurde, dit comme ça. Et alors? Ou était le problème puisque ça l'était?

" M'a poussée juste au moment ou le métro arrivait? "

" Oui. "

" Ai-je perdu mes jambes? "

George essaya d'avaler sa salive, mais en vain. Il ne semblait plus y avoir rien dans sa gorge pour se l'humidifiée.

" Pas complètement, " dit-il, lamentable, et les yeux de la fille se fermèrent de nouveau.

*Pourvu que ce soit un évanouissement,* pensa-t-il. *Mon Dieu, faites que ce soit un évanouissement.*

Ils se rouvrirent, étincelants de rage. Des doigts noirs se précipitèrent à moins de deux centimètres de son visage, s'agitèrent comme s'ils voulaient le lui arracher. Un peu plus près et, pour l'heure, il ne serait pas dans le stationement de la clinique à parler à Julio, mais plutôt aux urgences à se faire poser des points de suture au visage.

" Z'êtes rien qu'un tas d'blancs, tous autant qu'vous êt', des ******* d'blancs. " hurla-t-elle

(Des traits monstrueusement déformés. Des yeux ou brûlaient les flammes de l'enfer. Un visage qui n'avait plus rien d'humain.)

. " J'm'en vas fai'e la peau à chaque sal'**** d'blanc que j'vois! leur couper la queue, leur couper les jambes et mett'e toute dans leu' sal' ****** de '**** d'blanc. J'm'en vais... "

C'était dingue. Elle parlait comme une noire de dessin animé (gros mots en bonus, cependant). Elle ---ou ça--- semblait dôtée d'une energie surhumaine. Créature qui se tordait et hurlait, dont on n'aurait jamais pensé qu'elle était passée une demi-heure plus tôt sous un train pour se faire arracher plus de la moitié de ses jambes. Elle mordait. Lançait vers lui ses griffes (et ignorant les autres qui étaient trop loins), encore et encore. Des bulles de morve lui sortaient du nez. De l'écume s'écoulait de sa bouche. Elle grimaçait.

" Piquez-là, doc! " s'écria l'infirmier (il était tout pâle). " Pour l'amour du ciel, collez-lui sa dose. "

L'infirmier tendit vers la réserve de piqûres une main que George écarta brutalement.

" Non! "

Son attention retourna sur sa patiente: le regard posé, cultivé de l'autre l'y attendait.

" Vais-je survivre? " demanda-t-elle sur le ton d'une conversation à l'heure du thé.

*Elle n'est absolument pas consciente de ses absence,* pensa-t-il. *Pas le moins du monde.* Puis, au bout d'un moment: *L'autre non plus, d'ailleurs.*

" Je... "

Il dégluti, même si sa bouche était à sec, et s'ordonna de reprendre les choses en main. Il lui avait sauvé la vie. Ses problèmes psychologiques ne le concerrnaient pas.

" Ça va? " fit-elle, et le souci sincère qu'il perçut dans sa voix le fit sourire.

Elle lui demandait à lui si ça allait!

" Oui, mademoiselle. "

" À quelle question répondez-vous? "

L'espace d'un instant, il resta sans comprendre, puis il comprit.

" Aux deux," dit-il.

Puis il lui pris la main, en sentit les doigts serrer les siens, plongea son regard dans ces yeux noisettes si lumineux, si sensibles, et songea: *Il n'y a ni lieu ni heure pour tomber amoureux*, et ce fut alors que la main qu'il tenait se tordit et qu'il s'entendit traiter de '**** d'blanc, qu'il l'entendit hurler qu'elle n'allait pas seulement lui couper les jambes mais qu'elle allait se les bouffer, ses jambes de sal'**** d'blanc.

Il arracha sa main de la sienne, vérifiant qu'elle était intacte, ayant vaguement dans l'idée d'avoir à faire quelque chose s'il y voyait du sang, parce que cette fille était pleine de poison, cette fille était venimeuse, et être mordue par elle revenait à être mordu par une vipère ou par un cobra. Non, pas de sang. Et quand il la regarda, c'était de nouveau l'autre... la première.

" Je vous en prie, " dit-elle. " Je ne veux pas mourir. Je... "

Puis elle ferma les yeux pour de bon, et c'était mieux. Pour tout le monde.


***

***


" Alors, votre avis? "

" Sur qui va terminer en tête cette année au baseball? " Geroge regarda Julio un moment avant de rajouter. " Red Sox. "

" Votre avis sur cette fille? "

" Elle pourrait bien être schizophrène, ou bien souffrir d'un trouble dissociatif de l'identité, ou bien les deux. " dit lentement George.

" Ouais, ça j'ai vu dans l'ambulance. Je veux dire, qu'est-ce qui va lui arriver? "

" Je n'en sais rien. "

" Elle a besoin d'aide. Qui est-ce qui va lui en donner? "

" Ma foi... je viens de faire quelque chose pour elle, " fit George, même s'il sentait le rouge lui monter aux joues.

Julio le regarda.

" Si vous ne pouvez rien faire de plus, doc, il aurait mieux valu la laisser crever. "

George regarda Julio un moment puis constata que ce qu'il voyait dans ses yeux était réellement insoutenable... rien qui l'acusait, mais une effroyable tristesse.

Alors, il s'éloigna.

*Si tu peux encaisser ça, tu peux encaisser n'importe quoi.*

Il ne l'encaissa pas.


____________________________________________________________________________________________________


Samantha Desmers était née à New-York le 18 Octobre 1946, soit un an après la fin de la Seconde Guerre Mondiale (côté moldu), et un an après la chute de Grindelwald par Albus Dumbledore (côté sorcier).


(hj/ pas terminé /hj)